Accrochez-vous, c’est la tartine. Car, même si j’ai un peu de retard sur l’époque, je ne pouvais faire iléus sur la révolution technologique musicale et les bouleversements qui s’annoncent. Le fait que Gibson s’acharne est une preuve indéniable que la mutation est en marche. Lentement et sûrement. Inexorable.
Un peu d’histoire voulez-vous. Au début était le V88. Conçu par Roland, cette formidable boîte à outils avait une allure d’avion furtif. A mon avis, une horreur visuelle.
Par contre à l’intérieur, c’était une autre paire de manches.
C’était un pédalier assez pesant mais vachté maousse puisqu’il contenait quasiment tous les sons de toutes les guitares et amplis de prestige modélisés avec une ressemblance confondante. Comparé avec les instruments originaux, l’illusion était totale. D’ailleurs beaucoup de musiciens pro l’ont utilisé : ça leur évitait de se trimballer avec 25 guitares et 5 amplis. Le hic, c’est que le VG88 coûtait bonbons, environ 8000,-frs en 98. Et il fallait défigurer sa guitare avec un capteur sur la caisse. Fender, assez malin, avait sorti une Strat mexicaine avec le capteur intégré dans la caisse.
Surgit Line 6. Son Pod met les amplis les plus prestigieux (Fender, Marshall, Mesa Boogie, Soldano, etc.…) à la portée des bourses (!) de n’importe quel amateur/professionnel dans un boîtier en forme de haricot d’un rouge assez ostensible. La taille était trois fois moindre que le V88 pour un prix défiant toute concurrence : 2/3 de moins ! Ca fait quelques arguments ! Remarquez, il manque les grattes, dans le PoD. Donc, c’est 50% du V88 qui manquent. A vos calculettes.
Line 6, fort de son carton, se lance dans la modélisation de guitares illustres. C’est la Variax. Elle sera présentée en 3 concepts : électriques, électro-acoustiques et basses. Avec des modèles (onéreux) made in USA, et des modèles cheap (attention les frettes arrachent bien les doigts) made in China.
Toute la communauté est unanime : “elle le fait”.
Les meilleurs modèles sont dotés d’une interface RJ45, en clair une prise Ethernet. La guitare peut donc être reliée à un PC ou un Mac.
Entre temps, il y a la Parker, dont le look a trois siècles d’avance sur toutes les autres. Dès lors, faut pas s’étonner si les ventes n’ont jamais été celles escomptées.
Aléa Jacta Est, tu l’as dis bigoudi. Arrive Gibson qui lance l’artillerie lourde. Dès 2000, la firme intègre des circuits numériques dans une Les Paul. G-Mics était le nom de l’ensemble.
Sauf que… Sauf que.. Sauf que le marché ne suit pas.
Comme ils ont de la suite dans les idées, les ingénieurs du géant de Nashville remettent le couvert sur la table (d’harmonie !). En 2005, en partenariat avec Intel, Cakewalk et Ioullette Plaquard, ils enfoncent le dernier clou d’un nouveau projet : la Gibson HD 6X Pro Digital Guitar. Bien que largement inspiré du précédent, il le décuple au centuple. Si, au centuple !
Le G-Mics devient le MaGIC (Media accelarated Global Information Carrier) procédé entièrement basé sur l’Ethernet, puisqu’il est bien connu que cette interface est bien plus stable que l’USB, ou même, le FireWire.
Bien sûr, c’est une Les Paul qui est retenue. Le « Guitar Wizzard » n’est-il pas, et pour un bon moment le plus prolixe des innovateurs en matière de guitare électrique. Et pas seulement !
D’ailleurs, les premiers exemplaires en fabrication sont autographiés par le grand Les lui-même !
Quoiqu’il en soit, le système MaGIC permet de relier la guitare, via un câble Ethernet, à un boîtier : la BoB acronyme de Breakout Box. Son rôle est d’analyser tous les sons qui entrent/sortent de la gratte.
En effet celle-ci, bien que dépourvue de convertisseur MIDI, est munie d’une foultitude de connexions : jack classique, entrée micro avec alimentation fantôme de 5V, + une sortie casque.
Et bien sûr l’entrée/sortie Ethernet qui possède son propre volume.
Quant aux micros numériques, c’est un micro Hex (du latin six). Donc il y a six minuscules humbuckers, un par corde placé au niveau du chevalet. La prise Ethernet possède son propre volume et chaque son, y compris ceux des deux micros (490R et 498T) est envoyé à la BoB. Icelle pouvant renvoyer une infinité de sons jusqu’ à la guitare. A mon sens, c’est le début d’un casse-tête intenable.
Consolation, enfin si l’on peut dire ainsi, comme ils sont pas radins chez Gibson (enfin ça dépend des jours) : on trouve le logiciel ” Sonar” de Cakewalk, dans la flight case. Bien évidement, le BoB est fourni. Chapeau !
Pour finir : sachez que la technologie du câble R45 permet de transmettre et recevoir les signaux guitare/Bob sur une distance de 100 mètres en full duplex. C’est la raison d’être du concept “MaGIC”. Buddy Guy peut donc licencier un roadie !
Avec de telles possibilités on imagine aisément ce que peuvent créer les guitaristes les plus inventifs.
Seulement, on ne trouve pas partout ce bel instrument. Et, sacrée erreur de marketing, c’est non utilisable sur Mac
Comme on s’en doute, Gibson n’est pas seul dans le coup “digital”. C’est que Fender a sortie une version très améliorée de sa VG Strat : la marque californienne, d’une fidélité à toute épreuve, joue avec un autre américain : Roland.
Mais ceci est une autre histoire.
Dans tout ça, j’ai failli oublié : la HD 6X Pro, avec son 490R et son 498T, peut se comporter comme une pelle électrique tout à fait normale. On n’arrête pas le progrès ! .
Professor BeeB HôPô
Caractéristique de la Gibson HD 6X Pro Digital Guitar
Corps : acajou
Table : érable, filets argentés
Manche : acajou profil arrondi “1950” (1,695″)
Nombre de frettes : 22
Touche : ébène
Diapason : 24 ” ¾
Incrustations : block en fibre de carbone
Chevalet : Tune-o-matic
Cordier : stopbar
Accastillage : finition platine
Micro manche : humbucker 490R
Micro chevalet : humbucker 498T
Micro numérique : Gibson Hex 681-2031
Réglages : deux boutons de volume, deux de tonalité, un sélecteur 3 voies. Le volume du micro de chevalet contrôle également le volume de sortie du micro numérique.
Sortie monitor : sur jack TRS 6.35 avec contrôle de volume
Entrée / Sortie : RJ45
Sortie mini jack : pour les humbuckers
Entrée micro : mini-jack par alimentation fantôme 5 V
Connectique sur le BreakOut Box :
8 sorties : au format Jack 6,35 : une pour chaque corde + une pour le humbucker classique + une pour le microphone)
2 canaux : pour le retour audio en monitoring.
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