Ah, Little Charlie. Little Charlie & the Nightcats. Étranges cas dans le blouze US et même interplanétaire. Quand d’autres jouent à donf la carte “Ah keu le beulouze c’est triste”, Ah keu je m’ai levé ce matin et ah keu ma baby, elle est partie avec mon patron, ah keu ch’uis malheureux…”, eux, ils jouent dans la cour… jubilatoire.
Le blues à chialer ? Rien à foutre! Le désespoir ? Itou ! On est là pour se marrer, et jouer dans les cadres définis par certains autres joyeux avant nous. On fait dans le jovial, peut-être même dans le désopilant et le délassant, et on met le paquet ! Pour le reste …
Little Charlie et son combo c’est donc jubilatoire. J’irais même carrément jusqu’à dire que c’est franchement jouissif. Pas un morceau triste. Pas la peine de chercher le mouchoir quand vous les écouter. Attention, je n’ai pas dis qu’ils font dans le comique. Surtout pas. Mais on est souvent à la frontière du pastiche. Ou du moins, pas très loin. Ca transparaît pleinement à l’écoute car ces mecs n’ont pas l’air de s’ennuyer pour un rond. C’est même plutôt goguenard, voire jubilatoire….
Tout est au second, voire au troisième ou au quatrième degré. A bien écouter et à y regarder, on pourrait même faire des parallèles avec Tarantino. D’accord, c’est pousser le bouchon un peu loin. M’enfin, pas tant que ça.
Bon, regardez les titres: “TV Crazy”, “Poor Tarzan”, “Smart Like Einstein”, “Thinking With The Wrong Head”, “Dump That Chump”, “My Next Ex-Wife”. Impayables. Hilarants ! Pas franchement de quoi faire couler les lacrymales. Et pourtant, quand ils balancent la sauce, on comprend tout de suite que c’est du sérieux.
C’est comme Cheap Thrick, mais dans le beulouze, hein ! Pas dans le rock. C’est une redondance, mais exprès… !
Tiens, prenez Rick Estrin, le chanteur. Sur scène, il est nippé, je vous dis pas comment ! Comme Kid Creole l’était ! Sauf que KC, il fait communiant à côté. Estrin, c’est le costard pour caricature de mac, une gueule à ramasser les compteurs dans un film des Marx Brothers.
Pas possible. Le mauvais goût, hissé à ce degré de dérision, c’est classieux, limite démarche artistique. Quasiment une mouvance à lui tout seul.
Un commentaire sur Amazon, dit que sapé comme ça, il pourrait même vendre des bagnoles aux States. Oui, mais un dans un coin perdu du Texas et dans un film de… Quentin Tarantino. Ou même de John Waters. Mais surtout dans “Arizona Dream”. Et même dans “Casino”, il aurait pu tenir la dragée haute à DeNiro question costards couleurs criardes, la cravate rouge et les grolles assorties, le mouchoir bien voyant, la chaîne et la gourmette en or bien affichées. Manque plus que l’incisive en diam’.
D’ailleurs, Estrin, moi, il me fait penser au loup de Tex Avery.
A cette nuance près, mais de taille, c’est qu’il chante avec la même distanciation que Dean Martin. Que seules quelques rombières américaines emperlouzées, les lunettes greffier sur le blaze et le caniche nain rose (avec le nœud pap bigoudi entre les oreilles et la truffe) dans les bras, ont pu prendre au sérieux.
Par-dessus le marché, Estrin joue divinement de l’harmonica. Parmi ses influences : Sonny Boy Williamson II, Percy Mayfield et Baby Boy Warren. Et, bien évidement, Little Walter. Sur scène, c’est prodigieux. Ca relève des cascades guitares/claviers/guitares de Jerry Lee Marcel, mais avec les Marine, les Vamper et autres diatoniques dans les fouilles. A la manière d’un Lee Brillaux. Capable de les sortir pour un fill, de les ranger illico et de ressortir le bon pour avoir la quarte supérieure quand le morceau passe à la quinte.
De la haute voltige ? Nan-an-an ! Du close-up !
Passons à Little Charlie Baty, l’objet de ce questionnaire en deux parties. Faut un minimum, comme disait Coluche. Il est moins bête curieuse que son comparse. Quoique très singulier. Pourrait très bien faire le bras droit de Estrin, mais en un peu moins voyant. D’ailleurs, ils sont cul et chemise.
Quelques détails, entre autres biographiques.
Ce mec sait tout jouer : jazzy, low down blues, jump, west coast, bop, rockabilly, rumba. Mais, il penche furieusement du côté jazz, bien qu’il joue du blues. L’un n’empêche pas l’autre. Vous en connaissez beaucoup des gratteurs capables de vous aligner un medley “Mary Had A Little Lamb”/“Hideaway”/“Peter Gunn” en final d’un concert ?? Là, j’ai faux : y a pas de jazz.
Il aligne des licks qui empruntent à tout, mais qui, finalement n’appartiennent qu’à lui seul. Exactement la même démarche que Danny Gatton ou Duke Robbillard. Ce qui m’a étonné dans les réponses c’est son engouement pour Django Rheinhart qui est l’une de ses sources d’inspiration. Mais le gitan n’a t-il pas été une influence déterminante de B.B. King ?
Avant d’en arriver là, Little Charlie, né en Alabama en 1953, se passionne pour l’harmonica. Ce qui lui permet de monter d’éphémères combos, d’y tenir la position de leader et de participer à quelque battle-of-the-band de la baie. A Berkeley, il rencontre un autre fondu des Hohner : Rick Estrin. Pas besoin d’être devin pour deviner la suite qui suivra: en 1976, ils montent un groupe avec une structure qui pouvaient être deux harmonicas, chant, basse, batterie. Ca aurait eu le mérite d’être original. Un peu trop peut-être ?
Alors Charlie passe à la guitare, Estrin reste au chant et aux dérivés du diatonique. Là, ils vont faire leurs classes en accompagnant tout le gratin du beulouze ricain. Ou tout du moins une grosse partie. Tenez-vous bien : Albert Collins, Pee Wee Crayton, John Lee Kooker, Clarence “Gatemouth” Brown, Big mama Thornton, Tiny Powell, Charles Brown. C’est formateur ! Z’envoient une maquette à Iglauer, qui rapplique à Sacremento et les signe pour son label : Alligator. Et du coup deviennent les rois de Sacramento…. Tout simplement parce que c’est là qu’ils s’installent…. Signature chez Alligator et premier album « All The Way Crazy ». Que j’ai découvert via une cassette déterrée en cassette dans un bac à soldes de la FNAC.5 balles la bête. La récolte de ce jour-là était disons assez pharamineuse et la surprise Little Charlie interloqua pas mal de potes.
D’ailleurs de nombreux critiques américains ont affirmé que Charlie + Ricky, c’était Charlie Christian jouant avec Little Walter !!!! Rien moins.
Pas de quoi rougir. Juste de quoi être assez fier.
Ouèche !
Professor BeeB HôPô
PS : Il le suggère dans l’interview, mais il ne le précise pas trop : ses amplis sont des combos Vero customisés pour lui par Steve et Chris Fazo. Le plus de la marque et des bidouillages : Little Charlie a tout ce qu’il faut sous la main pour déformer subtilement le son, juste assez pour qu’une Gibson puisse sonner comme Fender. Le grand méchant lôôk fifties/sixties, j’irais jusquà dire Art Déco, de ces amplis en font des petites œuvres d’art. Des purs bijoux. Puissance maxi : 44 watts RMS. Contrôle des tonalités, bien sûr, mais très sensible.
Les s questions et les réponses
1 – Your ten favourite guitar solos
1. “Coquette”, Django Reinhardt
2. “Django’s Tiger”, Django Reinhardt
3. “Old Joe Clark”, Jimmy Bryant
4. “Swing to Bop”, Charlie Christian
5. “Sweet Little Angel”, Buddy Guy
6. “Guitar Boogie”, Hank Garland
7. “Melancholy Baby”, Django Reinhardt
8. Any solo by Robert Jr. Lockwood
9. “Joy Spring” by Joe Pass
10. “Just Friends” by Pat Martino
2 – Most hated ten guitar solos:
I don”t like to hate things.
3 – Favorites musical piece:
“Juke” by Little Walter,
“Rolling and Tumblin” by Baby Face Leroy,
anything by Django
4 – Sound or noise you like best:
Laughter
5 – Sound or noise you hate the most:
Complaining, or cacophonous noise from machinery
6 – Your first equipment:
Kappa Continental guitar
7 – Your equipment these days:
Vero Amplifier (Chicago Zephyr),
or Fender Super Reverb
8 – Your first guitar:
A Kappa Continental guitar that cost me $20. I painted it Day-Glo orange and eventually sold it to a friend and guitarist for $25 just so that he could drop it from the 7th floor of the dormitory building and watch it break into a million pieces.
9 – Guitars you own and play now:
A variety of Gibsons (ES-5, ES-295, L-5, L4CES) and Fender Stratocasters, a Heritage Les Paul style guitar, and a Gitane Selmer style guitar
10 – Favorite cuss word:
Shit !
11 – Best and worst memory as a musician:
Best memories are times when I played with my heroes on the bandstand, such as Muddy Waters, Robert Jr. Lockwood, Albert Collins –
Worst memory is last Saturday night in Henderson, Kentucky when my guitars and amplifiers wouldn’t work and I felt totally helpless – I think it was electrical in nature, but it was very frustrating and embarrassing
12 – Man or/and woman to illustrate a bank note:
Django Reinhardt
13 – Job you would have hate doin’ the most:
Something that involved rote repetition, such as a toll collector
14 – Plant tree or/and animal you would like to be re incarnated in :
A Bird of Paradise plant
15 – If God exists what would you like to hear him say to you when you’re dead:
I hope you like the way I played for you
16 – If you weren’t married and you could make love to any famous actress, who would it be?
Without a doubt, Audrey Tautou. I have seen all of her films and am quite taken by her. However, I would also just be happy to someday meet her.
17 – Your musical projects:
I continue to work on a solo jazz record, which I would like to include some Gypsy-style jazz music on. Our band Little Charlie & the Nightcats continues to work and tour and will undoubtedly record another record soon. I’m about to record some tunes with Canadian guitarist J.W. Jones and possibly Jr. Watson will be on that project
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