Comme quelques élus, j’ai eu ce rare privilège de voir et entendre Les Paul à l’Iridium à New-York. Live. Je lui ai même parlé. Un peu. J’ai osé. Vous vous rendez compte un peu.
C’était le lundi 21 avril 2008.
Et beaucoup de mes miens amis à qui j’ai narré tout ce qui suit et à qui j’ai dit que je n’osais pas le mettre sur “Bop-Pills”, ouè, vous comprenez, il est mort y a trois semaines, ça va faire charognard, gros vautour qui plane et qui va s’en foutre plein les référencements sur Gogol, m’ont tous dit (même ma mère s’y est mis, voyez un peu) : “Vazi, c’est le moment où jamais et t’aurais même dû le faire depuis longtemps, surtout qu’t’as une vidéo et même un autographe qui valent le jus”.
C’est vrai, les deux sont pas mal dans leur genre.
Voici donc une note en deux parties écrite… sous la pression, ma toute première vidéo perso sur TonTube et en prime un magnifique diaporama pour des photos que j’ai prises avec un appareil capricieux. Mais bon, elles sont là, et même si certaines semblent ne pas correspondre aux canons d’un reflex nippon ni con, elles parlent d’elles-mêmes.
Bref, la totale du matos ramassé par moua-même le 21 avril 2008 à Nouillorque. Sujet : Lester Paullus, aka Les Paul à l’Iridium ….
‘l’est pas gentil Tonton BeeB HôPô ? Attention : à l’époque BeeB n’était pas encore Professor et officiait sur l’Internet sous le doux pseudonyme de Bebop352.
Il va sur ses 92 ans (oui, nonante-deux ans), le wizzard de Waukesha.
Il a un chouïa (voire pas qu’un peu) d’arthrite dans les doigts, c’est normal. Surtout que les suites de son accident (c’était en 1948, il avait demandé aux chirs qui voulaient sauver son bras gauche à ce que celui-ci ait, pendant quelque temps, un angle fixe de 90 °) avaient mal anticipé les choses.
Il a toujours cette pêche incroyable et cette inénarrable candeur qui en on fait le plus grand inventeur de tous les temps en matière de guitares … et pas seulement.
Les Paul entre sur la scène de l’Iridium, un bar jazz de la 8ème. Il s’accorde. Entre ses longues mains une “Les Paul” dont l’électronique est trafiquée comme pas possible. D’ailleurs toutes celles en sa possession ont une électronique peu commune. Rien avoir avec les modèles grandes séries, fussent-ils des 56 ou des 59. Après tout, pourquoi les guitares du Créateur ressembleraient-elles à celles de ces ouailles ? Ce sont des modèles dit “Personal” et leur électronique est réputée complexe. Remarquez, vu tout ce que le “Wizard de Waukesha” leur demandait….
Pas expert en bidouillages et trouvailles en tout genre pour rien. Vous z’en connaissez beaucoup, des bricoleurs guitaristes qui vous font des tas d’effets d’échos et de reverbs à la main, sans les pieds et les pédales qui sont dessous ???? Nan, y’a que lui. Rien que ça, même si on a vu plusieurs de ses guitares personnelles avec des humbuckers, ça justifie les micros basse impédance posés en biais à la manière du single-coil aigu des Strat et la palette d’interrupteurs encastrée dans le corps, juste à côté de la plaque de protection.
Ne parlons pas du “Bigsby”, de nos jours réputé pour ne pas tenir l’accord, qui dénote un brin en ces temps de vibratos flottants. Mieux, il est pratiquement sur tous les exemplaires détenus par Lester Pollus.Homme plus connu sous le pseudonyme de Les Paul.
Et si un génie comme Les Paul ne jure que par le “Bigby”, je vous laisse la conclusion. D’ailleurs, certaines “Les Paul Justin Hawkins” sont aussi montées avec le “Bigsby”. Et que dire des “Les Paul” de Neil Young ou de Ken Williams…. Mais bon, dans le cas du Maître, le vibrato à ressort est tellement lié à ses inventions ! Surtout qu’à l’époque, il n’y avait que ça…
Allez, on retourne à nos moutons.
C’est lundi et il est là, à l’heure comme un pro et à l’Iridium comme d’habitude. Il y est comme tous les lundis, Les Paul à l’Iridium, il aime bien ça. Tous les lundis ? Sauf exception.
C’est le deuxième show. Parce qu’il y en a deux par lundi.
Avec lui, Lou Pallo (gtrs, “Gibson Les Paul” bien sûr, il possède une superbe “Black Beauty” !), Nicki Parrott (contrebasse) et John Collianni (piano).
Il interprète ses plus grands standards (dont “Brazil”, “How High The Moon”, “Tennessee Waltz”et “Darktown Strutters Bal” qui sont imperturbablement au programme). Entre deux, il raconte des anecdotes sur sa carrière et celle de Marie Ford. Et il se laisse aller. Normal !!
C’est souvent touchant. D’autant plus qu’il est assez tendre et assez charmeur. Mais il y a des exceptions qui confirment les règles…
A preuve que ce lundi-là, Stanley Jordan est venu faire le bœuf avec Les Paul à l’Iridium. Les deux hommes se connaissent bien, ils ont déjà joué plusieurs fois ensemble. Mais aujourd’hui, Jordan va se montrer un peu envahissant, du moins à mon goût, et je ne suis pas le seul à le penser. Mon voisin de table aussi. Mais lui, il pousse même des soupirs, tellement ça le gonfle. Les effets de tapping, jazzistiques ou non en général c’est soulant à souhait, mais à ce moment, c’était un tantinet déplacé. C’est que, il y a déjà bien longtemps que Les Paul impressionnait par sa dextérité, sa “digitalité”, comme on dit maintenant. Lequel Les Paul, un brin goguenard et matois, pas impressionné pour un rond, pensez donc à son âge on en a vu d’autres, presque compatissant, laisse passer les acrobaties. Sans broncher. Arthrite ou pas, séquelles de son bras ou non, il accompagne. En donnant une petite leçon de minimalisme. Donc de discrétion. Léger, fluide et humble, bien derrière Jordan. Mais roublard comme pas deux.
Car, Jordan se fait plus pesant. Il en fait des kilos. Le public ne bronche pas. Alors, Les Paul s’offre un petit plaisir : il s’arrête de jouer, laissant l’accompagnement à Pallo. Jordan, en plein dans sa lancée modale, ne voit pas le coup venir, ne se sent plus de joie et en ajoute un peu trop. Des Tonnes. Confabulations et verbiages. Kipizè (comme disait Desproges) illusoires et inutiles. On a même l’impression qu’il n’entend pas la guitare qui manque. Dont l’absence est pourtant assourdissante. Pire, il s’approprie la scène ! En clair, il s’enfonce.
Ses cabrioles terminées, l’homme à la Vigier, sera applaudi du bout des doigts, car le public ne s’y est pas trompé. Mon voisin rigole doucement, narquois, et il est pas le seul. Backstage, Jordan a l’air un peu gêné, presque penaud.
Alors, Lester Paulus reprendra les rênes. Avec des traits légers comme tout, mais incroyablement justes. Tant dans la couleur musicale que dans l’efficacité rythmique. Mon voisin est rassuré. Il a vu Les Paul à l’Irridium comme il voulait le voir.
Moi, pendant ce temps, j’ai filmé, jusqu’au moment où Jordan prend ses appuis, plonge et se plante.
A suivre ….
Ouèche …
Professor BeeB HôPô (ex-BeBop352)
(*) Moi aussi j’ai serré la mimine d’Eric Burdon, et deux fois siouplè. Ben tiens, je veux. Et les deux fois dans des circonstances pas tristes. Vous raconterais peut-être ça un de ces quatre.
J’imagine bien Steve Vai faire le boeuf avec Wilko Johnson….
La classe le BeeB ! Comment se laver les mains après une telle poignée….
Tranquilou les papy’s ! …belles grattes quand même , merci pour ce petit moment agréable …