En ces journées du patrimoine franchement franchouillardes, une visite gratuite des plus célèbres studios du monde, ça vous dit ?
Aller zou.
On quitte la France et on prend un ticket pour Londres.
C’est que voyez-vous Google dans son extrême bonté a présenté au mois d’avril une application Inside Abbey Road, locution qui peut aisément se lire “Abbey Road comme si vous y étiez” in french. Non seulement c’est gratuit, donc ça coûte pas cher – juste de quoi affiner les jugements des robots de Gogol sur nos habitudes – mais, en plus, on ne décolle pas du canapé. Il est pas beau, le progrès ?
Pour les plus jeunes d’entre nous : ceux qui pensent qu’Abbey Road est uniquement le studio où sont enregistrées les partitions de John Williams et donc celles de différents épisodes (V, I, II, III) de la série cinévisée Les Guerres de l’Étoile (et non La Guerre des Étoiles), ou ceux qui ne connaissent Abbey Road que par le duo Amy Winhouse et son grand guru Tony Bennett (on passe sur les autres incultes), rappelons que les Biteseules y font toutes les sessions, ou presque, de leurs morceaux et albums, que les Shadows y gravent leurs plus célèbres hits, dont le phénoménal “Apache”. Cliff Richard y enregistre le sublime “Move It”( entre autres), les Pink Floyd (tous leurs premiers albums), Love Sculpture (les deux albums qui allaient révéler les talents de Dave Edmunds), les Pretty Things (S.F.Sorrow). Sans compter les Barracudas ainsi que Gene Vincent, Donavan, Adele (et 77 musiciens pour le titre Skyfall), Eddie and the Hot Rods, Adam Faith, Edgar Broughton, Deep Purple, Jamiroquoi, Robert Plant et Jimmy Page (Walking Into Clarksdale), les Stooges (The Weirdness) et….. Claude François alors qu’il était sur le point de trouver la lumière. Sans oublier les deux galettes mythiques de Syd Barrett (The Madcap Laughs et Barrett). Etc.
Maintenant il est vrai que dans un studio construit en 1931 par EMI, on n’a raisonnablement pas une discographie limitée à quelques célébrités du rock.
Et pourtant, pourtant …..
Ouvrez la parenthèse.
Doit-on ajouter le cultisme Abbey Road des Scarabbey (j’ai pas pu me retenir), disque dont la pochette, outre de populariser pour l’éternité le carrefour et son passage protégé, est à l’origine d’un débat qui a fait rage chez les fans des Beatles. Par la même occasion, ça a permis de vendre du papier et de faire couler beaucoup d’encre. Sujet de la frénésie des salles de rédactions et des assujettis du groupe, les “révélations” le 14 octobre 1969, à Detroit, sur une station de radio WKNR-FM dans une émission de Russ Gibb prétendant que Paul était mort depuis belle lurette, qu’un sosie tenait sa place et que l’œuvre des Biteseules le prouvait largement. Même Creem Magazine reprend l’affaire avec un titre Paul is dead. Alors la planète entière s’enflamme et s’embrase en un rien de temps avec des suppositions toutes plus stupides les unes que les autres : Paul McCartney est-il mort dans un accident de bagnole, oui ou non ? Est-il remplacé sur la photo par un gentil sosie, oui ou non ? En plus, il tient sa gentille clope gentiment dans la main droite, alors qu’il est gaucher. Car le gentil bassiste du quatuor est le seul à avoir la tête pieds nus. Ce qui est également signe de signature mortelle et surtout mafieuse. Putain, ça rigole pas….. Même que le futur doux et tendre de la douce et tendre fille Kodak a les mirettes fermées. Ça prouve bien qu’il est mort ça, non ? Pour un peu Macca aurait pu devenir Mac Abbé (Road). J’y peux rien, c’est plus fort que moi.
Mais peut-être que la principale raison réside tout simplement dans le fait qu’il est à l’origine de cette ultime rencontre du groupe en studio parce qu’il ne veut pas rester sur les tensions qui ont jalonné Let It Be, l’album précédent, produit par Phil Spector (*). Au fait : les trois autres sont chaussés mais ont eu le bon goût de laisser les Moon Boots et autres Beatles Boots pour des sneakers (John Lennon et George Harrison) et des pompes tout cuir brillantes comme un sou neuf (Ringo Starr, Beatle préféré du PRéZiDaN). De quoi tomber dans le cirage en ces temps où l’on tombait beaucoup mais… au Vietnam.
Autres indices : la plaque minéralogique d’un caisson garé dans le coin, LMW28IF, que d’aucuns ont décodée en Living McCartney Would Be 28 If (Vivant Macca Aurait 28 ans, si) alors qu’il ne fait même pas partie du club des 27 ! Pffff, les sots ! Et la caisse, c’est une Beetle VW. Une coccinelle, si vous préférez les bêtes à Bon Dieu dans le genre coléoptère … ou au plafond ! De quoi vous foutre les ab….eilles !
Et puis sur Abbey Road, figurent deux sublimes morceaux de George Harrison “Here Come The Sun” (composé chez Eric Clapton) et “Something” (repris par Frank Sinatra, c’est dire …). Enfin, sublimes si l’on veut, parce que les textes de “Here Come the Sun”, pardon. Voici le soleil, l’ami du petit déjeuner, l’ami Ric Hochet ! Avec le pain grillé et les croissants tout chauds. On imagine (!) les textes traduits pour Hallyday par Georges Aber (Aber, Abbey, je ne sais pas ce qui me retient, la nuit peut-être !?) : “Voici leuuuu soleil, aaaakeuuuuu jeu dis, voici leuuuu soleil, aaaakeuuuuu jeu dis, mais c’est bonnard” ! L’ Aber…ézina ? On ne le saura jamais.
Toujours est-il que ce beau matin là, Harrison se réveille de bon poil. Pas de Maharishi Mahesh Yogi (Bear, je l’aime bien celle-là, Yogi Bear !) à l’horizon, Patti n’était pas partie en courses avec Clapton, le soleil pointait, mais à l’horizon, et se levait en même temps qu’Harrison se débarbouillait, car il était déjà levé puisqu’il voit le soleil se lever et, ultime confirmation qu’il est debout, il agite benoîtement le gant de toilette sur sa peau d’albâtre et qu’il a le bout du nez tout zen. Ça nous valait bien une transcendantale méditation solaire partagée, ça va sans dire. Mais je m’éloigne. Comme d’hab ! …. Comme d’hab ! Tiens, me serais-je retenu ? Comme d’habemus Papam …. Fumant ? Non ?
Notons toutefois que les maquettes de certains titres seront mises sur bandes dans d’autres studios londoniens (Olympic Studios, Trident Studios). Mais l’essentiel se passe dans le Studio 2 – (L= 18m, P=11,5 m et H=9m). Pour éviter les tensions déjà bien installées depuis le White Album et qui en ont singulièrement noirci les sessions au point que Ringo pourtant d’un naturel jovial et arrangeant claque la porte et se tire en vacances, le groupe ne travaillera que très peu au grand complet sur Abbey Road à Abbey Road. Par deux ou trois souvent, les quatre ensemble faut pas en abuser, même si cela donnera des moments magiques. Ce peu de travail à quatre s’explique aussi aisément par la présence dans le studio de Yoko Ono, la nouvelle régulière de Sa Suffisance John Lennon, allongée dans un lit exigé par son compagnon, la dame ne s’étant pas remise d’un accident qu’ils ont eu en Écosse. En plus, il fait poser un micro au dessus du plum’ de son oie pour rester en contact avec cette immense artiste dont les œuvres sont aussi impérissables que ses vagissements.
On imagine la trombine des techniciens, de George Martin et celle des autres lorsqu’ils découvrent mémère la charlotte sur la tête, les bigoudis en fleur, le thermomètre dans la bouche, la bouillotte sur la poitrine et le kimono en pilou-pilou des Vosges à ras des mules.
Déjà, Sa Vanité Sir John leur avait fait le coup de l’indispensable artiste nipponne en studio pendant l’enregistrement du double blanc. Et c’était resté sur l’estomac de tous.
Fermez la parenthèse.
Bon on va être gentils et vous laissez titiller Inside Abbey Road. 150 images panoramiques, des images d’archives, des clips et du matériel audio sont là pour ça. Et n’hésitez pas : cliquez partout où vous pouvez, revenez en arrière, allez en avant, à droite, à gauche.
Vous pouvez même écrire une composition, alors que vous n’êtes même pas un scarabée ! Pis comme ça, le temps de travailler votre ultime chef d’œuvre, Gogol, qu’est malin comme deux, aura tout le temps d’en savoir un peu plus de vos petites manies sur la toile.
Oui, franchement, le progrès est fantastique. D’ailleurs, c’est pour ça qu’on ne peut l’arrêter. Le progrès, c’est comme la bêbête qui monte, qui monte ……
Ouèche !
Professor BeeB HôPô
(*) Bien que sorti AVANT ‘Let It Be”, “Abbey Road” fut enregistré APRÈS.
…”le kimono en pilou-pilou des Vosges à ras des mules.” Voilà tenue qui n’abé..lit point l’artiste mais notre sourire. Bises Beeb !
C’est bien tourné ouech merci !!!
John le plus rock des quatre oui c’est sur, (mais humainement je préfère Ringo)
Abbey dis-donc ! Imagine qu’Il voie ça de la haut… roooo. M’enfin il avait de l’humour quand-même… Pis c’était mon préféré à moa sir John. en tout cas j’ai bien rigolé comme toujours (malgré le laisser aller ) et beaucoup appris aussi of course comdab. Merci, y’a de la lumière ha oui et pour les commentaires en direct sur le blog, faut que j’retrouve mon mot de passe de mon compte google… on verra ça plus tard
Me suis régalé tiens ,tu sais que le jour ou j’ai écouté «Here Come the Sun» ,j’ai repris 3 fois des moules !..Nan! Serieusement ,chaque fois que je l’écoute ,les poils se dressent et le bonheur m’envahit !
Merci prezidan super!!
Quelle verve. De plus très intéressant merci vraiment (je ne savais pas que les baba rra cucu da das avaient traîné leurs lattes là bas )
You’re the best once again !
Hello prezidou, me revoilou. Après cet amusant texte, je vais reserver ces 2 vidéos pour mon weekend. Tony Bennet aime les jeunes apparement LOL, un album surprenant avec les 10 gagas également (je l’aime bien) Merci master of Ouèche, (rencontre fort agréable)
Grandiose! Tordu de rire…Ah, j’ai aussi les sessions(63/69) de Cliff Bennett and The Rebel Rousers, dans ces studios mythiques. Sur lesquelles, ils reprennent “Got to get you into my life” des Fab 4, d’ailleurs. Thanx pour cet article!
Instructif autant qu´hilarant Prof !
Bien vu, quelle acuité, quelle vision !
Sa vanité Sir John en prend un coup ! A quand une petite vidéo sur une grande séance d’enregistrement des Pink Floyd dans le dit studio ? Il parait que le fantôme de Barrett y séjournait.
J’ai voulu tester cet été, je suis resté outside. Oh putain ça m’a gonflé, j’ai retraversé la rue dans l’autre sens et ai rejoint le pub le plus proche pour conjurer mon dépit.
truffé d’anecdotes comme d’hab, un régal Ouèche !!!
On ne va quand même pas s’abai-sser aux abattis.
Mmourff !
On n’ose imaginer ce que vous auriez écrit si Anna avait enregistrer à Abba Road. Bravo et continuez ainsi. Votre blog est de loin ce qui se faut de mieux en matière de rock et assimilés.
Mégatrofort !!!!
Merci Cora !
comme toujours interessant, bien écrit et surprenant ! merci Beeb !