HoWLiN WoLF SMoKeSTaKe LiGHTNiN
Ce blog ne fait pas trop dans la commémo, mais bon, là il s’agit de Howlin’ Wolf qui aurait eu 108 ans aujourd’hui. Alors, pour célébrer cet anniversaire, voici deux petits cadeaux. Une petite faiblesse n’a jamais fait de mal à personne, surtout quand il s’agit d’un titre épique.
Le premier : un beebopitone unique, dont la base n’est rien moins que Smokestake Lightnin’, classé 276ème meilleur titre de tous les temps par le magazine Rolling Stone, alors qu’en fait et à mon humble avis, c’est au moins la tête de liste. Écoutez bien comment tous les instruments s’enroulent et s’imbriquent les uns dans les autres, comment les guitares s’embrochent l’une et l’autre dans la batterie, ainsi que le flot du piano. Et puis cette batterie hypnothique, obsédante, infernale et vous verrez l’absolu auquel Keith Richard prétend être arrivé avec Charlie Watts….. Absolu dont ils sont encore très loin…..
Je prends encore des risques, je sais, mais j’assume.
Pour ce petit clip, je me suis fortement inspiré du thème de ce blues que Wolf résumait ainsi : “Well, “Smokestack Lightnin'” means it’s a train … that, uh, runs on the rails, you know ?? ” Et aussi d’une formidable séquence du film “The Howlin’ Wolf Story”.
Le second : une émission narrant l’histoire du titre et sa conception. La séquence, d’une durée de six minutes, se trouve sur “The Blues Mobile”, site américain consacré au blues. Une occasion d’entendre la voix d’Hubert Sumlin’ et celle de Betty Kelly. Et aussi d’écouter une émission radio réalisée à l’américaine. Parce que c’est pas tout le monde qui réalise des séquences comme ça. Peut-être un seul lupus lupus : Wolman Jack, Comme, on est nul en anglais, on a demandé à un américain de cœur, français de souche et espagnol d’adoption, le sémillant Philippe Mogane, le créateur du fan-club français des Stooges, de bien vouloir tenter de traduire l’émission, exercice ô combien pas évident. Il accepté la gageure, il s’est donné du mal et il a réussi. C’est pour ça, et pas seulement, que nous le remercions très chaleureusement.
Hubert Sumlin – Mon nom est Hubert Sumlin, je suis un guitariste.
Bettye Kelly – Mon nom est Bettye Kelly, je suis la fille ainée de Howlin’ Wolf [belle fille. NDT].
Dick Sherman – Je suis Dick Sherman et je suis un producteur, journaliste et historien.
Dick Sherman – Smokestack Lightnin’ est un monument du blues. Il démontre une continuité historique, la force d’ Howlin’ Wolf en tant que musicien totalement à part. Ce morceau possède une ambiance qui résume le blues plus que n’importe quel autre auparavant.
Hubert Sumlin – La première version de Smokestack Lightnin’ a été faite pour Sun Records, le label de Elvis Presley. Il [Wolf] avait son propre groupe avec Willie Johnson et le mec en arrière-plan, c’est Sam [Philips].
Dick Sherman – Wolf était l’artiste préféré de Sam et quand on sait que Sam Philips a découvert Elvis Presley, Jerry Lee Lewis, Carl Perkins, Johnny Cash et tant d’autres grands musiciens de blues, c’est sûrement le plus beau compliment qu’il pouvait faire. Il est largement cité pour avoir dit : “C’est ici que l’âme de l’Homme ne meurt jamais” la première fois où il a entendu Wolf.
Bettye Kelly – Wolf adorait son harmonica. Je crois que son harmonica était son exutoire. Il y a des moments où je prends un livre, je me tais, je me blottis, je lis un peu et je me sens mieux quand j’émerge. Et l’ harmonica était pareil pour lui.
Howlin’ Wolf – Quand j’ai commencé à faire des disques, je possédais une plantation et un homme est arrivé en grattant sa guitare. Il s’appelait Charlie Patton (ou Charley Patton) [Père du Delta Blues. NDT]. J’ai aimé le son de sa guitare et comme j’ai toujours voulu en jouer, je lui ai demandé de me montrer quelques accords. Chaque soir, à la sortie du travail, j’allais chez lui pour apprendre.
Dick Sherman – Howlin’ Wolf non seulement a été inspiré par la musique de Charlie Patton, mais en plus, Patton lui donnait des leçons quand ils étaient dans la même plantation. “Smokestack Lightnin'”, chanson qui sera toujours associée au nom d’Howlin’ Wolf, ressemble à une chanson de Patton : Moon Going Down.
Hubert Sumlin – Ce qui s’est passé, c’est que Wolf a été vendu à Chess par Sun Records et quand nous sommes arrivés dans le studio de Chess, nous avons réenregistré Smokestack Lightnin’. Mon son original de Smokestack Lightnin’ était le son que je voulais qu’il ait.
Dick Sherman – Smokestack Lightnin’ est le récit de beaucoup de choses particulièrement si vous écoutez les paroles. Premièrement, cela décrit l’image poétique d’étincelles qui jaillissent la nuit de la cheminée d’une locomotive. Une image puissante. Mais il y a aussi une strophe : “Dis-moi où tu étais la nuit dernière ?” qui parle de solitude, d’anxiété et beaucoup de mysticisme qui se mélange dans tout ça.
Bettye Kelly : – Je crois que c‘est l’histoire d’une déception d’une relation amoureuse qu’il entretenait à ce moment-là et il essayait de faire comprendre à son amie qu’ils pouvaient résoudre le problème et rester ensemble. Mais je crois qu’elle était attirée par quelqu’un d’autre et cela lui faisait mal.
Howlin’ Wolf – J’ai eu une fois une femme qui faisait semblant d’être gentille et elle s’est barrée. Cela m’a filé un sacré blues. Je me suis alors mis à hurler comme un chien. Tu vois ce que je veux dire !
Hubert Sumlin – Tu peux me croire : chaque phrase que ce mec a écrite, était un peu le journal de ce qu’il vivait, de la manière dont il vivait et ce qu’il endurait. C’est tout ce que cela raconte. Ce mec ne mentait pas. Je ne l’ai jamais connu racontant des balivernes sur n’importe quel sujet.
Ouèche !
Professor BeeB HôPô
Perfect !!! Merci connaissais pas.
Ça vous remue j’aime bien
Me coucherai moins bête
Bonjour cher Beeb, je viens de lire cet article sur le génial Howlin’ Wolf dont la voix chaude et envoûtante ne saurait passez inaperçu chez un amateur de blues.
J’ai une petite question à laquelle tu as peut-être une réponse ?
J’ai un superbe livret-coffret de Howlin’ Wolf “Smokestack Lightning – The complete Chess Masters 1951-1960 (4 CD)
chez HIPO Select distribué par Universal 2011 Geffen Records. J’attends toujours le second volume depuis 7 ans, en attendant j’ai acheté 2 CD épart pour compléter.
Bizarre non ?
Salut Denis,
Le titre est très clair. Howlin’ Wolf “Smokestack Lightning – The complete Chess Masters 1951-1960″ (4 CD).
Geffen s’est limité à cette période et n’a en rien spécifié quelque chose du genre “Howlin’ Wolf “Smokestack Lightning – Volume 1 – The complete Chess Masters 1951-1960 (4 CD).
Tu aurais du prendre “Howlin Wolf: The Chess Box Set”, qui comme toute la série de Chess Box Set, offre un très bon survol de la carrière du musicien auquel le coffret est consacré.
Keep On Boppin’
Prof
Wolf est magnifique. Et smokestack lightning est la metaphore de blues… Yup, it’s the old blues metaphor.
Great article Professor
Beeb.
Merci ! Mon amour immodéré pour le Blues et le Jazz s’est exprimé dans ce court passage où les différents accents rendaient certains passages inaudibles. Heureusement que ma vie dans les différents Etats des USA m’a appris à reconnaitre certains sons, ou plutôt les expressions typiques de chaque partie de l’Amérique du Nord. Ce fût donc avec grand plaisir, cher Beeb, que je plongeasse tête sur le clavier pour apporter ma contribution à tes excellentissimes narrations et pour notre amour partagé de la bonne, de la grande musique. Keep on rockin’!