On prend les mêmes et on recommence… L’année dernière déjà, Renault constructeur de caissons célèbre pour ses usines de Boulogne et de Flins, avait utilisé le tremplin du festival “Rock en Seine” pour mettre en avant sa nouvelle gamme Gordini. Et Gibson, luthier spécialisé guitares célèbre pour ses innovations techniques n’avait donc plus qu’à bien se tenir, car Renault était décidé à un partenariat ferme avec le géant de Nashville. C’est désormais chose faite !
Les deux se sont en effet entendus comme larrons en foire et roulent de concert pour sortir nouvelle série de caissons : “La Renault Gordini Gibson”.!
La bagnole, c’est un modèle qui s’appelle “Wind (prononcer “ouinnede”) Gibson”. La particularité d’un Wind c’est aussi d’être un cabriolet dont le toit ouvrant s’ouvre (c’est normal, c’est un toit ouvrant) en douze secondes, en coup de vent en quelque sorte. D’où le nom ! Pas con. Fallait juste y penser.
Là où les ingénieurs ont fait grave fort, c’est qu’il faut aussi dix secondes pour refermer le toit, donc l’ouvrir dans l’autre sens !
Et comme on ne lance pas un partenariat comme ça, il fallait se trouver quelques points communs. A force de se gratter les méninges et les tempes, on tombe d’accord : la campagne pointerait le fait qu’Agostino avait lancé la voiture dans les années 60 et que Gibson “est une marque qui évoque les années 60”. Ah bon ! Z’auraient mieux fait de cibler sur le savoir-faire de Gibson et Renault qui, respectivement, depuis 1896 et 1895, ont quand même une certaine crédibilité !
Mais las, c’est le faire-savoir et donc la com’ qui l’emporte. Moi, je leur suggère le losange dont Renault a fait sa marque pour l’éternité, tandis que les plus beaux modèles de Gibson ont un losange éclaté sur la tête de manche. Mais ce que j’en dis…
La tire, elle tue : des cordes de mi graves pour les sièges, des boutons de Gibson partout où il en faut, en lieu et place d’interrupteurs. Comme ça, si on sait pas jouer, on en a l’illusion !
Pour lancer le modèle et lui donner une crédibilité crédible, il fallait un support adéquat. C’est donc vers le festival sis dans le domaine de Saint Cloud que les mirettes vont lorgner. Une fois le lieu trouvé, ben faut faire venir les acheteurs potentiels. Du coup, on ressort une vieille idée : un concours de guitare. Pas d’air-guitar, man, nan, mais de vraie guitare en vrai bois d’arbres, avec des micros et des cordes et des mécaniques.
Les concurrents seront recrutés parmi les spectateurs du festival, car c’est bien le diable si parmi les cent mille et quelques pékins y’en a pas une cinquantaine – au pire un ou deux ! – qui sachent pas tâter du manche en plus du levier de vitesse et de la manivelle. Et donc des furieux, de monter sur la scène du stand, de mouliner à tour de bras sur la Gibson bleu et blanc pour tenter de gagner le premier prix : une pelle Gibson Gordini, avec un G. (pour Gordini) en gros gravé sur la tête de manche ! Car non seulement il y a la Renault Gordini, mais aussi la Gibson Gordini ! C’est pas compliqué, mais faut suivre. Quand on suit pas…
Ouai ! On me dira ce qu’on voudra mais les communicants en communication communicante auraient quand même pu pousser le bouchon de réservoir jusqu’à une caisse. Radins !
Bon sans ça, tout ça c’est tout présenté comme de l’inédit pas banal, vachement nouveau, même qu’avant la terre était plate !
C’est oublier que les guitares et les “cars” ont toujours fait très bon ménage. Témoin Fender et Ford, First Act et VW parmi tant d’autres.
C’est oublier tout aussi vite que Gibson n’en est pas à son coup d’essai en partenariat automobile. S’il fallait n’en retenir qu’un c’est celui signé en 1995 avec Chevrolet pour une titine complètement historique : la Corvette. Forme retenue : une Les Paul. Nom de baptême : Gibson Les Paul 60 Corvette. Décoration : rien moins que les peintures employées en 1960 par Chevrolet pour la voiture qui fut la première à être construite en fibre de verre. C’est dire si les couleurs claquaient un max. C’est dire aussi que trouver l’exacte composition chimique des peintures a dû être une sacrée usine à gaz !
Le résultat ? Fouyaya ! Rien moins que l’une des plus magnifiques séries de Les Paul ! Flashante, décoiffante, de quoi voir ses bigoudis se muter en papillotes et avoir un de ces dangereux coup de foudre compulsifs qui font le bonheur des banquiers. Car, c’est dur, très dur de ne pas céder à la tentation. Je parle en connaissance de cause. J’en ai vu une à l’époque en vitrine de feu Piano Hamm et je ne compte plus les fois où, totalement envoûté, je suis rentré dans le magasin bien décidé à… Seul le prix m’a retenu ! Pour autant que je m’en souvienne, ça dépassait largement les trente mille francs … Somme qui n’a pas empêché la série 1995 de se vendre comme des petits pains.
Gibson et Chevy renouvellent leurs accords (!) en 2003 pour le 40ème anniversaire de la voiture dont le premier exemplaire sort des usines de Flint, Michigan le 30 juin 1953. Une série de 500 modèles Gibson Les Paul double cutaway est tirée à 500 exemplaires et à quatre épingles, surtout pour ce qui concerne le volume des reliefs magnifiant les arrondis d’une Corvette. Les micros sont des P-90. Ambassadeur retenu pour la campagne de promo : Mister Billy Gibbons soit même.
Entre ces deux accords (!), en 1996, il y aura même une série de SG déclinée en “Sting Ray”, en fait la deuxième génération de Corvette. Mais destinée à concurrencer la Ford-Mustang !
Le fin du fin, incroyable mais vrai, c’est que Gresch lancera également une Corvette, un modèle signature créé avec la houlette de G.Love, bien connu pour son groovy blues-groove-rap … Mais qu’il soit dit ici que le nom “Corvette” accolé à une guitare est bien une initiative de Gretsch. En effet, dans les années 50, Gretsch avait déjà un modèle nommé “Corvette”, une semi caisse originellement conçue pour le jazz. Nom que Gretsch reprend pour une nouvelle guitare visant surtout le segment rock.
On abrège mais on note quand même que Flint n’est pas Flins ! Très habile transition (pas vrai ?) qui, subrepticement, nous ramène à Renault Gordini et à la voiture bleue et blanche. Couleurs déjà retenues pour une Italia Maranello (caisse en korina, manche au diapason 24.75′, 22 cases, un seul micro -chevalet : Humbucker Wilkinson -). Pas fous et pensant que tout le monde n’est pas obligé d’aimer le bleu et blanc, chez Italia toutes les guindes sont déclinées dans n’importe quelle teinte en plus du blanc. Joueur célèbre de la marque : Chris Rea !
Tout ça, ça vient de faire surgir quelques souvenirs-souvenirs, dont une blague d’écolier :
– Qu’est-ce qui fait bzzzz et qui est noir avec des bandes bleues et blanches ?
– Ben chèpa !
– Tu donnes ta langue au chat ?
– Ben voui !
– Une mouche Gordini !
Ouèche !
Professor BeeB HôPô
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