C’est Jean-Pierre Liégeois, jeune habitant du Gard, qui fait le premier sans-faute du premier bopkouizzz de Bop-Pills”.
1 – Son vrai prénom est :
a) Fred Lincoln. Il est né le 2 mai 1929 à Dunn Caroline du Nord. Il a répété à maintes reprises la triste anecdote suivante : lors de l’accouchement, les médecins devaient faire un choix : la maman ou le bébé. Pour elle, le choix était fait, le bébé ! L’accouchement s‘est fait au forceps. Et Link d’expliquer que la conséquence directe en a été sa comprenette un peu laborieuse. On a souvent dit, à tort, que les enfants accouchés au forceps sont un peu plus lents que les autres du fait des pinces qui leur serrait les tempes !
b) Fredric
c) Frederic
2 – Il est descendant d’une tribu indienne. Laquelle ?
a) Apaches
b) Comanches
c) Shawnees. Il l’est aux ¾. ” Apache” et “Comanche” sont deux instrumentaux qui viendront dans la foulée de “Rumble”.
3 – En 1953, il commande une guitare électrique (selon toute vraisemblance la première d’une longue série) :
a) Une Les Paul. Ce serait la seule et unique LP de Link Wray. Toutefois, il possèdera plusieurs Telecaster (dans les années Polydor), et il est certainement le premier à posséder une Danelectro Long Horn. Des fans invétérés sont d’ailleurs sur le sentier de la guerre, certains de l’avoir débusquée. Comme beaucoup, il finira par une série de Strats, non sans être passé par quelques SG.
Pour en revenir à son attirail des débuts, la Les Paul 1953 était branchée sur un 30 watts Premiere. Ça, apparemment, c’est le genre de détails dont le monde se fout, mais qui en impose un max, et qui vont pourtant avoir des incidences réelles dans l’histoire du rock (voir ci-dessous). Toutefois, Link chantait aussi. Mais ses capacités étaient très appauvries par l’ablation d’un poumon. Opération rendue indispensable par une tuberculose contractée lors de la guerre de Corée.
b) une Telecaster
c) une Danelectro Longhorn
5 – Link Wray est, comme tant d’autres !, l’inventeur du feed-back. Où et quand aurait-il eut cette idée de génie ?
a) Fredericksberg, Virginia, 1958, lorsqu’un spectateur balança un micro devant l’ampli de LW. C’est à moitié vrai. Car, si l’endroit est correct, il semblerait que l’idée originale soit de son frère Ray qui, jouant avec lui ce soir de janvier, planta le micro dans le Premiere. Il n’y avait plus qu’à pousser les potards à fond. Avec les puissances des micros d’une Les Paul ça devait le faire. Le morceau qui servit de ballon d’essai était “Rumble”, un démarquage totalement hallucinant de “The Stroll” des Diamonds (voir questions 9 et 10).
b) Norfolk Virginia, 1956, devant Gene Vincent qui venait de chanter « Be Bop A Lula » et voulant lui passer le micro le fit tomber devant l’ampli de LW
c) Dunn (North Caroline), le 2 mai 1929, alors qu’il chantait dans un radio crochet et que les potards étaient à fond. Impossible ! c’est le jour où il est né !!!
6 – Il a repris le thème d’une série télé américaine. Laquelle ?
a) Batman : la version est assez marrante. Nombre d’entre nous l’ont découverte sur la compilation “Chicken Rock”, qui traînait dans les bacs de l’Open Market et de Dave Music. Mais c’était en des temps immémoriaux, pensez donc en 1975 !!!
b) Spider Man
c) Superman
7 – En 1974, il enregistre un Lp titré « Rumble ». Dedans : « I Got to Rumble ». A qui est dédicacé le titre ?
a) Robert Johnson
b) Eric Clapton
c) Duane Allman : C’est durant les sessions de ce LP, enregistré à Londres, que ‘Mee-maw”, la mère de Link, décède. Il ne pourra assister aux obsèques.
8 – Link Wray est supposé être l’inventeur du power chord (ce qui est totalement faux). Un power chord c’est :
a) un accord de quinte : fondamentale + quinte + (très souvent) la fondamentale à l’octave supérieure. Les accords de quinte sont déjà présents dans la musique anglaise du XVllème. Le rock en a intensifié l’usage, car, pour les guitaristes, il n’ y a pas de grosse gymnastique digitale, et comme il n’y a pas de tierce, donc pas de majeure, ni de mineure, les choses sont beaucoup plus simples.
b) un accord de sixte
c) un accord de quarte
9 – Le premier accord de “Rumble” est un accord de :
a) ré. Les deux suivants sont bien mi et la. Avec une descente de la penta mineure de Mi.
b) mi
c) la
10- ” Rumble” est inspiré de :
a) “The Stroll” des Diamonds, qui figure en bonne place dans la B.O. d’ “American Graffiti”). Pour l’anecdote, les Diamonds firent une reprise incontournable du “Black Denim et Black Leather Jacket” des Cheers lequel, en vertu des lois de la traduction deviendra “L’Homme à la moto”, cher à la môme Piaf. Mais être très précis, il ne faut pas oublier qu’à la fin des 50ties et au début des 60ties, les cranes d’œufs des compagnies, lancaient de nouvelles danses tous les ans. Madison, twist, mashed potatoe. Le “stroll” était l’une d’entre elles.
b) de “Shake, Rattle & Roll” de Joe Turner
c) “Grizzly Bear” de Jack Scott
11 – Lequel de ces géants n’a pas influencé Link Wray :
a) Chet Atkins
b) Grady Martin
c) Ray Charles
d) Hank Williams
e) Tal Farlow
Aucun . D’ailleurs, comme il le dit : “I want to be Tal Farlow, I want to be Chet Atkins, I want to be all those cats, jazz cats”. Et plus tard, il avouera une franche admiration pour Zappa, Gilmour, Hendrix, Neil Young et George Harrison.
Comme c’est pas le genre à avoir étudier le solfège pendant 15 ans (*), les bases musicales sont assez sommaires. Voyez plutôt : pentatoniques, larsen, sustain, feedback, power chords, ça pèse pas lourd. Mais il va combiner et organiser ces éléments pour en faire un système structuré des plus séminaux. Et, là, ça va peser lourd pour la suite, très lourd.
Car l’inventaire des râpeurs ou des groupes qu’il a influencés, directement ou indirectement, est tout bonnement ahurissant : les Who, Bob Dylan, J.Geils, Jonathan Richman, Eddie Cochran, Duane Eddy, John Lee Hooker, Steve Cropper, Frankie Avalon, Roy Rodgers, John Cippolina, Tommi Iommi, John Lennon, David Gilmour, Brian Setzer, Van Zandt, Dickie Betts, Edgar Winter, Bruce Springsteen, Bob Dylan, Jerry Lee Lewis, Duane Eddy, Jimi Hendrix, Jerry Garcia, Jeff Beck, Sid Vicious, Dave Edmunds, Lonnie Brooks, Marc Bolan, Ivy Rorschach, Eric Clapton, Robert Gordon (bien sûr) et dernier, mais pas le moindre d’une liste non exhaustive, Elvis soi-même, etc. . Excusez du peu ! On peut même ajouter les réalisateurs Quentin Tarentino et Robert Rodriguez.
Au bout du compte, à bien y réfléchir, c’est pas dit qu’on ne doive pas à Link Wray la genèse du Heavy-Metal et toutes ses transmutations : Punk, Grunge, Garage, Lounge, etc.….
Après tout, “Rumble” n’en est rien moins que la première pierre.
Hughouèche
Professor BeeB HôPô
(*) Bien qu’il connaissait toutes les subtilités des accords diminués ou augmentés.
Et je rajouterai que c’était aussi un homme très sympathique
je suis bloggeur et j’aime aller lire mes congénères. Je connais un petit peu Link Wray(on ne peut pas tout connaître). L’histoire du rock l’a loupé comme beaucoup de rendez-vous manqués que l’on découvre maintenant. Style quizz c’est très bien amené, bien écrit et très bien documenté sans partir dans l’intellect à deux sous. J’ai appris des choses et moi du moment que j’apprends le boulot est fait. Bravo.
Bon article où l’on apprend maintes choses sur un guitar-hero trop méconnu. J’aime ce style bien griffé, accrocheur. Bravo.
Rumble !
Bonjour,
Très bel article et, comme toujours, très bien documenté.
Je ferais juste un petit rajout dans la liste des guitares du Monsieur. Lorsque je l’ai vu en concert (il me semble que c’était à la MJC de St Denis, j’ai un doute…), après avoir détruit une Strat’ en en frappant son retour à plusieurs reprise (il ne semblait pas être satisfait du tout du travail du sonorisateur retour…), il a terminé le concert sur une Flying-V (1ère série).
Link Wray est l’un des pionniers que je préfère. Chiadée votre note sur ce super guitariste…
Super article, je viens de découvrir Link Wray et il a traumatisé ma façon de jouer. J’en ai appris beaucoup.
Au passage, les dernières lignes rapprochant la carrière de Wray et le heavy metal sont très vraies : je viens du death metal et j’ai étudié à peu près toutes les formes de metal possibles, et croyez-moi, son influence est très grande chez nous chevelus. On ne s’en rend pas compte, mais la manière très simple de structurer un morceau, un riff, et l’utilisation de la saturation, dans le metal, ça vient quasi uniquement de Link Wray….
“yeah super post. Feed my head
J’ai découvert Wray récemment.
Qu’est-ce que tu me conseille comme artistes peu connus dans son genre ?”
“Je ne sais s’ils sont dans le genre “peu connus”, mais Buck Dharma (Blue Oyster Cult), Ross The Boss (Dictators), Paul Burlison (Johnny Burnette Trio), et tous ceux qui sont listés dans cette note valent la peine d’être écoutés et entendus.
Prof.
Ceci dit sans ironie, au nombre des mérites du grand Link figure aussi celui, plus récent, d’avoir révélé – confirmé, pour certains – que le fabuleux Live At Leeds des Who avait subi un petit lifting en studio…
Wray traînait à cette époque dans les mêmes studios que les Anglais de Sherpherd’s Bush, Townshend lui écrivant même les notes de pochette de son album, et jure avoir vu de ses yeux vu Pete la moulinette s’activer sur les bandes live de Leeds…
“Si Link, très grand croyant, le jure lui-même devant Dieu, alors c’est indiscutable.
Son influence sur Townshend est réellement énorme.
Et nonobstant ce qui précède, “Live At Leeds”, même si les bandes ont été retravaillées (ce n’est pas le seul d’ailleurs, ni le premier ni le dernier, sans parler des vrais faux live) reste le plus grand album rock “live”, prouvant aussi que Townshend est injustement et largement sous-estimé. Ses moulinets et ses solos y sont, plus que dans n’importe quel autre disques des Who, anthologiques.
Au fait : le jeu de scène des Who n’aura t-il pas une incidence sur celui du MC5 ?